Pour réaliser l'observation j'ai utilisé un télescope de 190 mm (F/D=4) avec le dispositif disperseur placé directement dans le faisceau convergent du télescope, juste en avant de la surface sensible du détecteur CCD.
Le disperseur est un réseau à diffraction par transmission de marque Edmund Scientific de 70 traits/mm. Par rapport au réseau Jeulin utilisé jusqu'à présent les différences sont faibles (si ce n'est que le réseau Edmund Scientific est dix fois plus cher, 300$ ! - référence F4068). L'efficacité du nouveau réseau est légèrement supérieure dans l'ordre 1, les sillons sont gravés directement sur un support en verre de 25x25mm et de 3 mm d'épaisseur et surtout, le nombre de traits est plus faible. Ce dernier point implique que la résolution du réseau Edmund est plus faible que celle du réseau Jeulin pour une distance CCD/disperseur donnée, mais en contre-partie, le spectre étant moins étalé, il est aussi plus lumineux, ce qui est tout à fait déterminant pour l'observation des supernovae, qui sont souvent des astres faibles.
Pour l'occasion, la caméra Audine était équipée du tout nouveau CCD Kodak KAF-0401E. Les avantages de ce CCD par rapport au traditionnel KAF-0400 sont une sensibilité 1,6 fois supérieure dans la partie verte du spectre et une sensibilité spectrale étendue jusqu'à pratiquement 3000 A (au lieu de 4000 A pour le KAF-0400 standard).
L'observation a été réalisée dans un milieu urbain (Ramonville Saint Agne, près de Toulouse).
La surface gravée du réseau de 70 traits/mm se situait 19,86 mm en avant du CCD. La dispersion est de 64,65 A/pixel.
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La surface focale sur laquelle se forme le spectre à un rayon de courbure de l'ordre de R = 20/3 = 6,7 mm. La longueur d'onde de 750 nm dans l'ordre 1 se trouve à environ h = 1 mm de l'image d'ordre 0. La flèche de la surface focale fournie la valeur de la défocalisation pour ce point du spectre si on se focalise exactement à l'ordre zéro. La flèche x est donnéee par la formule x = R - SQR(R2 - h2). On trouve ici x = 80 microns, ce qui est relativement faible. Evidemment, on améliore la qualité du spectre en défocalisant légérement l'image à l'ordre 0.
On note sur la figure 2 que dans tous les cas (sauf peut-être pour l'infrarouge) les taches images théoriques ont une taille inférieure où égale à la dimension du pixel (celui-ci à 9 microns de coté). Dans le cas présent, compte tenue de la petite distance réseau/CCD adoptée, ce ne sont pas les aberrations optiques qui limitent la résolution spectrale, mais le seeing. La largeur à mi-hauteur des étoiles (FWHM) étant de l'ordre de 1,9 pixel, et vu de la dispersion spectrale, on considère que la résolution spectrale est de 125 A.
L'image ci-après montre le résultat du compositage de 43 images posées 2 minutes chacune (soit un temps de pose cumulé de 1 h 26 m) réalisées le 20/3/1999 entre 0H53 et 3H10 TU.
La grande sensibilité dans le bleu du CCD KAF-0401E pose un nouveau problème en raison du recouvrement d'ordres. En effet, à partir de 6000 A environ le spectre d'ordre 1 est pollué par le début du spectre d'ordre 2 (la partie bleu de ce spectre, vers 3000 A). Normalement pour exploiter la partie rouge du spectre d'ordre 1 il est nécessaire d'interposer dans le faisceau un filtre passe-haut, c'est-à-dire un filtre qui laisse passer les grandes longueurs d'onde et bloque le bleu. En pratique, le spectre d'ordre 2 reste relativement peu intense pour des longueurs d'ondes inférieures à 4000 A, si bien que nous faisons l'hypothèse que le spectre d'ordre 1 est utilisable jusqu'à 8000 A.
L'image d'ordre 0 de la supernova est parfaitement utilisable pour effectuer de la photométrie en lumière totale (lumière blanche). On mesure sur cette image une magnitude de 14,78 en utilisant le GSC comme référence.
La figure suivante montre le profil spectral de SN1999ac. C'est un profil brut dans le sens où il n'a pas encore été calibré photométriquement. Seul un étalonnage spectral sommaire a été effectué. En conséquence la réponse spectrale du CCD module considérablement l'allure du spectre, ce qui perturbe son interprétation.
Ce spectre montre des absorptions entre 4700 et 5200 A, à 4400 A, à 3700 A, à 6200 A et 6600 A. A partir de 6900 A le flux chute rapidement. Malheureusement, il ne semble pas exister de spectre publié de cette supernova à ce jour. Les seules informations sur le spectre de SN1999ac proviennent de la circulaire UAI 7122 où il est signalé que les raies Fe III à 4300 et 5000 A sont bien marquées ainsi que les raies H et K du Calcium vers 3800 A. La raie d'absorption du Si II est aussi signalée vers 6350 A. L'allure du spectre au delà de 7000 n'est pas décrite. Le spectre de SN1999ac est relativement comparable à celui de SN1999aa d'après la circulaire UAI 7122.
La figure ci-après montre en superposition le spectre de SN1999ac (en rouge) et celui de l'étoile SAO83560 (en bleu) de type A0V, observée la même nuit et avec la même résolution.
La comparaison de ces deux spectres montre clairement que l'absorption vers 5000 A n'est pas due à un accident lié à la réponse spectrale du CCD. De même, la bande vers 4300 A semble bien réelle, ainsi que celle vers 6200 A. Tous ces détails correspondent à la description du spectre de SN1999ac dans la circulaire UAI 7122. La bande d'absorption vers 7200 A semble elle aussi bien réelle. Pour aller plus loin dans l'interprétation il est obligatoire de calibrer photométriquement le spectre en retirant la contribution de la réponse spectrale du CCD. Grâce à l'observation du spectre de SAO83560 la même nuit, cette opération est relativement aisée.
La figure 6 présente en rouge le spectre synthétique d'une étoile A0V (Pickles, PASP, 110 :863-878, 1998 July). Ce spectre, au pas de 5 A par point, a était lissé afin de dégrader la résolution spectrale pour qu'elle soit équivalente à celle de notre spectrographe de champ (courbe en bleu).
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